« Le bureau des jardins et des étangs », « Qui veut la peau de Vénus?  »

« Le bureau des jardins et des étangs », « Qui veut la peau de Vénus? »

30.07.2017

Été des 13 Dimanches

Le dimanche des Muses: Bruno Nassim Aboudrar et Didier Decoin

Rencontre le 30 Juillet à 15h00

« Le bureau des jardins et des étangs »

Japon, aux alentours de l'an Mil, Shimae, un village paysan sur les bords de la rivière Kusagawa.

Cet humble village a un talent : celui d'abriter le pêcheur Katsuro, virtuose dans l'art d'attraper et de transporter des carpes de grande valeur, d'inestimable beauté, vers la ville impériale d'Heiankyo, la cité de tous les raffinements, de tous les plaisirs, et surtout, le lieu où se trouve le Bureau des jardins et des étangs. À la mort de Katsuro, qui se noie dans la rivière, qui parmi les villageois va pouvoir prendre sa suite et relever le défi ? Poser sur son dos le lourd fardeau des nacelles d'osier où tournoient les carpes boueuses et, en équilibre, marcher jusqu'à l'épuisement, traverser tous les dangers jusqu'à la capitale ? Qui ? Sinon la veuve de Katsuro, la ravissante, l'effarouchée, la délicate Miyuki. Mais sera-t-elle capable d'une tâche pareille ? Que sait-elle, Miyuki la petite paysanne, la veuve jamais sortie de son village, des maléfices du voyage, des sorcelleries, des guerres, des animaux magiques tel le Kappa, cet animal aux mains griffues et palmées qui vous arrache l'anus et s'en barbouille la bouche, des prêtres faussement débonnaires et des maisons de thé où l'on vend de tout sauf du thé... Que sait-elle surtout de la capitale de l'Empire et du directeur du Bureau des jardins et des étangs, Nagusa Watanabe, tapi au centre de son labyrinthe de pièges et de splendeurs, qui l'attend ?

Au terme de ce voyage initiatique, sensuel, effrayant, Miyuki, souillée, mais libérée, mais différente, ne sera plus la même femme. Ni son petit monde, le même monde qu'autrefois.

Didier Decoin a vingt ans lorsqu'il publie son premier livre, Le Procès à l'amour (Le Seuil, 1966). Celui-ci sera suivi d'une vingtaine de titres, dont Abraham de Brooklyn (Le Seuil, Prix des libraires 1972) et John l'Enfer (Le Seuil, Prix Goncourt 1977). Il est l'actuel Secrétaire général de l'Académie Goncourt, Président des Écrivains de Marine depuis 2007 et membre de l'Académie de Marine.

 

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 « Qui veut la peau de Vénus?  »

C'est une femme nue, allongée de dos, qui, dans le plus tranquille naturel, offre au regard ses courbes voluptueuses. Avec un sourire énigmatique, elle se contemple dans un miroir au cadre d'ébène, semblant à peine souffrir des sept entailles qui lacèrent son corps parfait, de la nuque jusques aux fesses.
Nous sommes en 1914 : l'un des tableaux les plus célèbres de l'histoire de l'art, la Vénus au miroir de Velazquez, vient d'être vandalisé par la suffragette Mary Richardson. Pourquoi la féministe s'en est-elle prise à un tableau? À celui-ci plutôt qu'à un autre? C'est ce que cherche à comprendre Bruno Nassim Aboudrar en reconstituant minutieusement la «scène du crime», et en contant le destin hors norme d'une toile subversive, seul nu connu à ce jour dans la peinture espagnole du XVIIe siècle.


Tour à tour passent sur l'oeuvre, pour mieux la révéler, les mains de la profanatrice, d'un restaurateur de tableaux, du conservateur en chef de la National Gallery ou encore d'un professeur de chimie interrogeant pigments et vernis. De l'Angleterre puritaine de 1914 à l'Espagne austère et pieuse de la cour de Philippe IV, c'est aussi à une méditation sur la représentation du corps féminin que ce voyage nous convie : un corps tour à tour sacralisé et mortifié ; à la fois caché, contraint, brimé, et célébré dans le secret des alcôves et des galeries bien gardées.
Mêlant l'enquête à l'analyse érudite, Qui veut la peau de Vénus? nous fait entrer dans l'intimité trouble d'un tableau : son aura de rêveries et de fantasmes qui fait de la puissance d'une oeuvre, aussi, la condition de sa vulnérabilité.

 

Bruno Nassim Aboudrar, spécialiste d'esthétique, est un ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud (1984), étudiant à l'Institut national des sciences politiques et pensionnaire de l'Académie de France à Rome.

 

Il soutient en 1996, sous la direction d'Hubert Damisch, une thèse en histoire de l'art intitulée : Voir les fous : aux marges du portrait. Il est maître de conférences (2001-2007) puis professeur (depuis 2007) en sciences de l'art à l'université Paris III-Sorbonne-Nouvelle, au département de Médiation culturelle.

 

Il a récemment publié,  Qui veut la peau de Vénus ? : le destin scandaleux d'un chef-d'oeuvre de Velazquez », aux éditions Flammarion », et un Que sais-je ? sur « La médiation culturelle », aux éditions PUF.