École des filles

Quels sont les auteurs des calvaires et autres sculptures que le monde entier vient admirer en Basse-Bretagne ? Leur anonymat a depuis longtemps alimenté des mythes, parfois tenaces, comme celui de l'attribution de ces oeuvres à des paysans surdoués ! C'est là méconnaître le travail des historiens d'art, comme Emmanuelle Le Seac'h, qui a réalisé la première synthèse sur ce qui fut l'âge d'or pour la sculpture sur pierre dans notre région. Ce qui fait la grande originalité de son livre par rapport à d'autres ouvrages déjà parus sur le thème, c'est la recherche des ateliers à l'origine de cette sculpture. La méthode utilisée est celle de l'attribution : la quasi-inexistence de sources écrites (signatures, archives) a contraint l'auteur à multiplier les campagnes photographiques (plus de 14 000 clichés) pour, par comparaisons, identifier les oeuvres provenant d'un même sculpteur. Le résultat est la mise en évidence, sur plus de deux siècles (vers 1420 - vers 1660), de cinq ateliers principaux, bien structurés, qui ont produit les sculptures qui font encore la richesse artistique de notre région, du Folgoët et de Tronoën aux enclos paroissiaux. Nous voici bien loin d'un art « populaire », au sens péjoratif du terme !

L'ouvrage est issu de la thèse d'Emmanuelle Le Seac'h. Le décès prématuré de son auteur l'a empêchée de préparer l'édition de son travail, qui a été réalisée par trois des membres de son jury, dont Jean-Yves Éveillard et Fañch Roudaut, qui furent enseignants-chercheurs à l'Université de Bretagne Occidentale (Histoire & Centre de Recherche Bretonne et Celtique).