Exposition
Patrick Hourcade
La Nuit Rodin
Galerie Penthièvre
Patrick HourcadeLa galerie Françoise Livinec a le plaisir de présenter la première exposition monographique de Patrick Hourcade dans son espace rue de Penthièvre, du 9 mars au 21 avril.
Intitulée « La Nuit Rodin », l'exposition présente une série de 21 photographies prises à l'intérieur du Musée Rodin.
« La lune grise volée par les nuages troublés ne pouvait plus se mirer sur les bronzes noirs glacés par la pluie d'hiver. Un ballet incessant tournait dans le jardin de Rodin, et les sculptures abandonnées la nuit couraient, volaient, déambulaient, se bousculaient, alors que dans la chaleur des murs du musée d'autres formes, cloitrées le jour dans les salles respectées, se dispersaient dans les espaces libérés de leurs visiteurs, et révélaient alors le génie du chorégraphe, le grand sculpteur. »
Patrick Hourcade
« En 1908, le photographe américain Edward Steichen venu en France pour rencontrer Rodin, photographie la figure de Balzac installé dans le jardin de l'artiste à Meudon. Pendant une nuit, à la demande du sculpteur, Steichen tourne autour du monument pour choisir différents points de vue, guettant les rayons de la lune pour souligner la stature de l'homme de lettres. Les temps de pose sont longs, très longs, plus d'une heure pour fixer sur la plaque de verre les contours du Balzac en plâtre. Mais le plus difficile reste à venir. Pour traduire la lumière nocturne, le photographe doit retravailler l'image au développement. Cela prend du temps. Le sculpteur s'impatiente mais, devant le résultat, il ne peut cacher sa satisfaction : « Vos photographies feront comprendre au monde mon Balzac. » affirme-t-il en s'adressant à Steichen. L'artiste avait saisi d'emblée le pouvoir de ces images
Plus d'un siècle plus tard, par défi mais aussi par jeu, Patrick Hourcade suit les traces de Steichen, changeant au passage quelques règles. Il déplace le cadre de Meudon à Paris et recherche la sombre densité nocturne, celle qui impose un temps d'adaptation pour voir émerger les formes sculptées dans les salles de l'hôtel Biron ou le sous-bois du jardin. Mais comment obtenir une nuit noire au coeur de Paris, au pied de la coupole des Invalides brillant de tous ses ors ? Patrick Hourcade traque les rondes bosses, l'objectif recouvert d'un bas noir comme le visage d'un pilleur d'images. Il s'approche au plus près des oeuvres pour en saisir un angle inattendu, un cadrage particulier. La part d'imprévu est grande et, comme pour Steichen, il lui faut attendre, non plus le développement du tirage mais son apparition sur l'écran, pour découvrir les sculptures modelées dans le noir de la nuit. D'autres étapes sont nécessaires avant de fixer sur le papier le visage fantomatique d'un Bourgeois de Calais ou la silhouette du Penseur. Formes familières et inquiétantes, que l'oeil ne reconnaît pas toujours au prime abord, mais, qui ouvrent les portes de l'imaginaire. »
Hélène Pinet
conservatrice au Musée Rodin